Trouble dysphorique prémenstruel : quels traitements ?

Existe-t-il des traitements pour guérir du Trouble dysphorique prémenstruel ? Peut-on soulager les symptômes qui nous affectent mois après mois ? Que nous propose la médecine ? Si vous souhaitez comprendre ce qu’est le Trouble dysphorique prémenstruel, je vous invite à commencer par l’article suivant: SPM extrême: suis-je folle ? Le trouble dysphorique prémenstruel expliqué.

Les traitements disponibles et prescrits

Je dois hélas débuter cet article en vous annonçant qu’il n’existe pas encore de traitement officiel pouvant guérir le Trouble dysphorique prémenstruel (TDPM). Les traitements pharmacologiques ont pour effet, jusqu’à présent, de réduire, limiter, voir faire disparaître, les symptômes associés au TDPM mais ils ne prétendent pas vous guérir. Je vous présente donc ici un portait des traitements prescrits par la médecine. Un article  portant plus spécifiquement sur les traitements « naturels » suivra !

 Je vous les présente dans l’ordre par lequel ils sont généralement proposés par les médecins.  La liste qui suit n’est pas exhaustive et ne peut être interprétée comme des recommandations médicales de ma part.  Vous pouvez d’ailleurs trouver les informations qui suivent – de façon plus détaillée – dans l’Annexe du livre Maudites Hormones. En espérant que l’un de ceux-ci puisse vous soulager des symptômes débilitants de cette condition qui affecte de 3 à 8% de femmes.

1. La pilule contraceptive

La pilule contraceptive fait généralement partie du traitement de première ligne dans le traitement d’un syndrome prémenstruel sévère ou du Trouble dysphorique prémenstruel. Grosso modo, la pilule contraceptive, en inhibant notre ovulation, limiterait, voire éliminerait, les fluctuations hormonales liées à notre cycle menstruel. Le calcul est le suivant : « zéro fluctuation = « zéro » symptôme associé au TDPM. De façon générale, les médecins proposent l’usage d’un anovulant de quatrième génération, tels que la Yasmin® et la Yaz®. Ce type de contraceptif oral serait reconnu comme pouvant contribuer au soulagement des symptômes physiques et psychologiques du TDPM. S’il est vrai que certaines femmes en ressentent des bénéfices, d’autres voient cependant leurs symptômes s’aggraver et/ou ressentent un malaise généralisé. C’est hélas ce qui s’est produit dans mon cas et ce, malgré l’essai de toutes les sortes de pilules, de toutes les couleurs ! Je vous encourage donc à rester attentives à vos symptômes, vous seules pouvez en juger !

Je veux préciser ici que cette catégorie d’anovulants a depuis quelques années assez mauvaise presse.  Au moment de la rédaction de cet article,  un recours collectif est autorisé au Québec contre le géant pharmaceutique Bayer, au nom des femmes qui se sont fait prescrire les pilules contraceptives Yasmin ou Yaz. On reproche à ces contraceptifs oraux d’augmenter les risques de développer une thrombose artérielle, une maladie thromboembolique veineuse, une embolie pulmonaire ou encore une maladie de la vésicule biliaire. Bref, il me semble primordial que vous puissiez vous informer auprès de votre médecin des risques éventuels liés à l’usage de la pilule contraceptive et que vous évaluez si, à la lumière de vos antécédents médicaux, de votre état de santé actuel et de vos habitudes de vie, les bénéfices qui y sont associés dépassent les effets secondaires éventuels.

2. Les antidépresseurs

Les antidépresseurs, principalement ceux issus de la classe des inhibiteurs sélectifs de la recapture de sérotonine (ISRS), tels que Prozac®, Zoloft® et le Paxil®, ainsi que les inhibiteurs de la recapture de la norépinéphrine et de la sérotonine (IRNS), tels Effexor® et Cymbalta®, sont considérés comme pouvant être efficaces dans le traitement des symptômes du SPM sévère et du TDPM.

Selon l’IAPMD (International Association for Premenstrual Disorders), près de 70 % des femmes faisant l’usage d’ISRS rapporteraient un soulagement de leurs symptômes. Des études démontrent une amélioration, notamment au niveau de l’irritabilité, de la dysphorie, des douleurs au niveau des seins et du gonflement.  Il faut préciser que certaines femmes tolèreraient cependant très mal cette médication et qu’il existe encore très peu de données sur leurs effets bénéfiques à long terme.

Pour ma part, j’ai tenté plusieurs types d’antidépresseurs.  Je prends d’ailleurs toujours du Zolof®.  Si je peux dire qu’ils ont très clairement eu l’effet de me maintenir à flot lors de périodes très sombres, je n’ai jamais eu l’impression qu’ils ont réduit mes symptômes liés au TDPM.  S’ils ont eu, sans que je m’en rende compte,  un effet « d’apaisement », je ne veux même pas imaginer à quoi aurait ressemblé ma vie sans ceux-ci !

À ce sujet, j’observe une certaine résistance, voire un sentiment de honte, chez certaines personnes à l’idée de prendre des antidépresseurs. Je comprends. J’ai moi-même longtemps hésité avant d’en prendre pour la première fois. Dans mon cas, bien qu’étant une adepte des médecines alternatives, je ne peux cependant nier qu’ils m’ont littéralement sauvé la vie. Aucune plante, ou herbe, ou pilule homéopathique, n’a réussi à enrayer le tsunami émotionnel qui  m’empêchait de fonctionner.

S’ils n’ont donc pas toujours la capacité d’enrayer chez certaines personnes les symptômes du TDPM,  ils peuvent parfois être efficaces si vous vous sentez en train de couler.  Le Trouble dysphorique prémenstruel, ou l’endométriose, ou toute autre condition chronique, peuvent avoir un impact extrêmement néfaste sur notre santé mentale. Il n’y a donc aucune honte à utiliser la pharmacologie si vous sentez que rien ne vous aide à remonter la pente.

Bien sûr, je ne suis pas médecin mais je vous encourage simplement à évaluer les effets positifs versus négatifs, et à penser à combiner la prise d’antidépresseurs à d’autres types de démarches thérapeutiques. *

*Mise en garde:  je vois souvent, sur les forums en ligne dédiés au TDPM, des suggestions de tel ou tel produit naturel pour soulager les symptômes du TDPM. J’en suis moi même une adepte. Mais restez attentives, car ce n’est pas parce que « naturels » que ceux-ci ne comportent pas un sérieux risque d’interaction avec les antidépresseurs ou autre médication.

3. Les agonistes de la libération de gonadotrophines (GnRH)

Après la pilule contraceptive et les antidépresseurs, le traitement par le biais d’un agoniste de la libération de gonadotrophines (GnRH) – telle que Lupron® ou Synarel®,  est souvent offert comme seconde ligne d’action dans le traitement du TDPM.  Généralement administré via injections sous-cutanées, ce traitement a pour effet d’induire un état de ménopause temporaire. Il est souvent considéré comme le dernier recours « chimique » avant la chirurgie, et il est rarement administré sur le long terme.  

En effet, on hésite généralement à le prescrire sur une longue période en raison des effets secondaires qui y sont associés.  Le fait d’inhiber l’activité ovarienne mettrait les femmes, surtout les plus jeunes, à risque de développer les mêmes symptômes que ceux associés à la ménopause : bouffées de chaleur, sécheresse vaginale, saignements irréguliers, changements d’humeur, fatigue et perte de densité osseuse (ostéoporose).

On recommande d’ailleurs généralement d’associer à ce traitement la prise d’hormones de remplacement afin de diminuer les effets de la ménopause qu’il provoque. Le problème est que, selon diverses études, l’ajout d’hormones de remplacement provoquerait chez certaines femmes une reprise des symptômes du TDPM.  Va-t-on s’en sortir un jour !!!????

On peut penser – et espérer – que des études supplémentaires seront menées pour confirmer, ou non, l’efficacité de ce traitement dans le soulagement du TDPM et la possibilité de l’utiliser sur une longue période. Entre-temps, il s’agit d’une option dont vous pouvez discuter avec votre médecin.

Enfin, dans le cas où vous souhaiteriez procéder à une ovariectomie pour mettre fin à vos symptômes de TDPM, il est possible que votre médecin « exige » que vous testiez ce type de traitement pendant quelques mois avant de procéder à cette intervention chirurgicale. On considère que la réaction à ce traitement peut constituer un bon indicateur de la façon dont vous réagirez à une ménopause provoquée par la chirurgie.

Dans mon cas, ayant vécu tant d’expériences traumatiques à la suite de la prise d’hormones ou de fluctuations hormonales naturelles – je n’ai qu’à penser aux états pré-psychotiques dans lesquels mes grossesse m’ont plongée – j’ai jugé que je ne pouvais pas prendre le risque de prendre ce traitement.  J’étais convaincue que l’ajout d’hormones à celles déjà naturellement présentes dans mon corps allaient me plonger dans un enfer hormonal. 

Ma gynécologue, qui me suivait depuis longtemps, a donc accepté de procéder à une intervention chirurgicale (hystérectomie-ovariectomie) sans que j’aie à « tester » ce traitement.  Je sais cependant que de nombreuses femmes témoignent sur les forums dédiés au TDPM des résultats très positifs qu’elles obtiennent avec ce traitement.  Chaque cas est unique, bien sûr.

4. L'intervention chirurgicale

L’ovariectomie bilatérale (retrait des deux ovaires) est souvent considérée comme le recours de dernière instance dans le traitement du TDPM. Le fait de retirer les ovaires, responsables de la production d’œstrogène et de progestérone, met un terme définitif à nos cycles menstruels et de ce fait, on le souhaite, au TDPM.

En effet, à partir du moment où nos ovaires sont retirés, et ce, peu importe notre âge, nous tombons immédiatement dans un état de ménopause permanente. Il faut donc savoir que, comme toute femme vivant une péri-ménopause et ménopause naturelles, celles qui subissent cette intervention chirurgicale peuvent vivre des symptômes tels que : bouffées de chaleur, insomnie, sécheresse vaginale, douleur pendant les relations sexuelles et symptômes psychologiques. Lorsque la ménopause survient avant 45 ans, les risques de maladies cardiaques et d’ostéoporose seraient également augmentés. Plus la ménopause survient précocement, plus ces risques seraient importants.

C’est pour pallier à la chute drastique d’hormones et pour limiter ces effets indésirables, surtout chez les femmes qui n’ont pas atteint l’âge de la ménopause naturelle, que les médecins prescrivent d’ailleurs aux femmes ayant subi une ovariectomie un traitement d’hormonothérapie, soit la prise d’œstrogène seule ou en combinaison avec de la progestérone (hormonothérapie combinée).*

La question de l’hormonothérapie est un dossier qui mérite un article à part entière mais dans mon cas, après avoir subi une hystérectomie et ovariectomie  à l’âge de 41 ans, j’ai choisi, après mûre réflexion, de prendre de l’oestrogène, sous la forme de “patch” (timbre transdermique) à une dose minimale.*

L’une des craintes principales lorsque l’on souhaite recourir à cette chirurgie concerne évidemment notre incapacité à prédire la manière dont nous réagirons, non seulement à la ménopause subite, mais à la prise d’hormones de remplacement. Étant donné nos réactions extrêmes aux fluctuations hormonales, c’est normal.

J’avais, pour ma part, l’impression de sauter d’un avion sans parachute. Mais j’étais rendue à un point où je ne voyais plus aucune autre avenue possible.

Dans mon cas, ce fut la meilleure décision. Depuis mon intervention chirurgicale, bien que je doive gérer des symptômes liés à la ménopause, et accepter les séquelles permanentes que le TDPM a laissé sur mon corps et mon esprit, je revis enfin. Vous pouvez lire à ce sujet mon article sur mon choix de subir une ovariectomie et hystérectomie : Bye Bye utérus, merci et bon débarras

Il s’agit évidemment d’une grande décision qui doit être prise au sérieux. De façon générale, la majorité des médecins semble assez réticente à envisager cette solution pour « traiter » le TDPM, surtout dans le cas de femmes « plus jeunes » ou en âge d’avoir des enfants.  Je pense cependant que cette décision devrait revenir entièrement aux femmes.

* La progestérone est généralement prescrite, en combinaison avec l’oestrogène, aux femmes qui se font enlever leurs ovaires mais qui conservent leur utérus. Dans ces cas, la progestérone sert à contrebalancer les effets de l’oestrogène qui, si prise seule, peut accroître les risques de développer un cancer utérin. Dans mon cas, puisque je n’avais plus d’utérus à protéger,   je n’ai pas eu à prendre de progestérone.

D’ailleurs, si l’on recommande aux femmes souffrant de TDPM de retirer leur utérus au même moment que leurs ovaires, c’est notamment pour que celles-ci n’aient pas à prendre de la progestérone, hormone à laquelle nous serions potentiellement le plus sensibles.

Des traitements prometteurs ?

La recherche médicale se fait de plus en plus active pour trouver un traitement pour le TDPM.

On peut penser à l’étude suédoise qui a mis en lumière, en décembre 2020, les effets bénéfiques d’une nouvelle classe de médicament appelée « modulateur des récepteurs de la progestérone ». Ces modulateurs, qui se lient aux récepteurs de la progestérone dans le cerveau, et les inhibent, avaient été jusqu’à présent développés pour traiter les fibromes utérins et l’endométriose.

Or, l’essai clinique a démontré que ce traitement pouvait aussi être efficace dans le traitement du Trouble dysphorique prémenstruel. Les résultats démontrent qu’il aurait effectivement contribué à réduire – principalement – les symptômes mentaux du TDPM, tels que l’irritabilité et la dépression.* L’étude poursuit son cours mais on peut espérer que ce type de traitement pourra devenir une alternative intéressante aux antidépresseurs.

Bien que d’autres essais cliniques aient été menés pour évaluer l’efficacité de nouveaux traitements du TDPM – dont l’étude sur le Sepranolone, le seul médicament qui avait été spécifiquement développé pour traiter le TDPM,  aucun de ceux-ci ne se sont encore révélés concluants.

Il faut espérer - et encourager - les chercheurEs à poursuivre leurs efforts, non seulement pour trouver un traitement qui apportera un réel soulagement à celles qui vivent avec cet enfer hormonal, mais pour enfin comprendre « les rouages et mécanismes » de cette condition.

Sources:

https://www.sciencedaily.com/releases/2020/12/201210074731.htm
https://www.parents.fr/actualites/etre-parent/un-traitement-prometteur-contre-le-trouble-dysphorique-premenstruel-a-letude-875694

Sarah Rodrigue

Pour tout savoir sur le Trouble dysphorique prémenstruel et les hormones.

Précédent
Précédent

Ménopause. La fin du monde ?

Suivant
Suivant

spm extrême: suis-je folle ? Trouble dysphorique prémenstruel