spm extrême: suis-je folle ? Trouble dysphorique prémenstruel

Votre syndrome prémenstruel est extrême ?  Il prend tout l’espace dans votre vie ?  Vos crises de colère et de tristesse sont si intenses, et votre perte de repères tellement grande, que vous avez parfois l’impression de devenir folle ? Vous avez l’impression de perdre la tête pendant plusieurs jours par mois ? Et vous constatez que ces périodes infernales coïncident avec votre période prémenstruelle ?  Dans ce cas, il pourrait être utile de poursuivre la lecture de cet article !

On la connait cette image stéréotypée de la femme hystérique qui hurle contre son mari. Celle qui perd les pédales dans un magasin contre celui qui l’a dépassée dans la file d’attente. Celle qui se goinfre de crème glacée tout en n’ayant pas la force d’essuyer son mascara dégoulinant. Celle qui engueule ses enfants pendant le pique-nique familial. Cette femme, c’est l’archétype, le symbole même de la femme en plein Syndrome prémenstruel (SPM). C’est LA femme hystérique.

« Elle a ses règles la madame! », « T’es ben SPM! », « Coudon, vas-tu avoir tes règles? » 

C’est tellement stéréotypé que cela en est presque drôle. Mais pourtant, cette femme, c’est moi. Et c’est peut-être vous.

Car bien que cette image soit sexiste, dégradante et paternaliste, elle a le mérite de représenter l’étendue des émotions que peuvent nous faire vivre nos cycles menstruels. Pour certaines d’entre nous, nos règles nous rendent folles. Oui, folles. C’est peut-être votre cas ? Vous commencez à en ressentir les symptômes jusqu’à deux semaines avant vos règles : gonflement, fatigue, apathie, tristesse, colère, sentiment d’échec, perte d’intérêt pour tout, difficulté de concentration. Puis, aux environs de cinq jours avant que vos menstruations se déclenchent  ; c’est le séisme, l’ouragan, le tsunami. Plus rien ne peut arrêter le déferlement d’émotions qui s’emparent de vous. Vos règles commencent enfin mais ce sont les douleurs physiques qui assaillent maintenant votre corps. Vous êtes à plat. Vaincue. Désarmée. 

Et puis, tranquillement les bons jours reviennent. Votre force et votre énergie refont surface, vos crises de panique et de paranoïa s’estompent et la personne « normale » que vous êtes semble reprendre vie. Jusqu’à la prochaine ovulation. Et ça repart en force.

« Personne ne m’aime. Je suis bonne à rien. Je suis incapable de me lever. J’ai des migraines. Je veux mourir. Je suis une mauvaise mère. Je suis une mauvaise épouse. Je suis une mauvaise amie. Je suis inapte à travailler. J’ai tellement mal partout. Je veux mourir. Mes crampes me font tellement mal, c’est comme accoucher. Je veux divorcer. Je suis laide. Je ne sers à rien. Je déteste mon corps. Personne ne comprends. Je n’arrive pas à faire la vaisselle. Je suis obligée d’annuler mon marathon. Je ne suis pas capable de rien. Je veux mourir. »

Celles qui vivent ce dialogue intérieur savent qu’il ne s’agit pas d’un SPM « normal ». Que quelque chose cloche. Mais comme leurs médecins et gynécologues, résultats de tests sanguins à l’appui, leur disent que tout est normal, elles se disent que c’est elles le problème. « Je dois être folle. » Certaines d’entre elles, se verront au mieux donner un diagnostic. Hélas, souvent erroné. On leur parle de bipolarité, de personnalité borderline, etc. On leur prescrit des antidépresseurs, des antipsychotiques, des anxiolytiques. Mais la souffrance revient, mois après mois. Année après année. 

Pour ma part, ce n’est qu’après un très long et sombre périple – pendant lequel de nombreux médecins m’ont fait penser que tout était dans ma tête – que j’ai enfin su que je souffrais d’un trouble réel. Un trouble qui porte un nom. Un vrai nom scientifique et tout : Le trouble dysphorique prémenstruel.

Le quoi ? Le trouble dysphorique prémenstruel

Le trouble dysphorique prémenstruel(TDPM) – ou en anglais le « Premenstrual Dysphoric Disorder (PMDD) – est reconnu et classé parmi les troubles dépressifs dans le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM-5). Ce diagnostic est réservé pour les femmes qui, en plus de souffrir d’un SPM sévère, vit avec des symptômes qui nuisent considérablement à leur quotidien. Selon le DSM-5, pour établir un diagnostic de TDPM, la femme doit expérimenter au moins 5 des 11 symptômes suivants, et ce, pendant la majorité de ses cycles menstruels au cours des 12 derniers mois. Au moins un des 5 symptômes doit faire partie des 4 premiers de la liste, en lien avec une perturbation importante de l’humeur.

  • Humeur dépressive marquée

  • Anxiété ou tension

  • Labilité affective

  • Colère ou irritabilité

  • Réduction de l’intérêt pour les activités habituelles

  • Difficulté de concentration

  • Colère ou irritabilité

  • Manque d’énergie et fatigue

  • Changement d’appétit, fringales

  • Changement de sommeil (hypersomnie ou insomnie)

  • Sensation d’être dépassée, en perte de contrôle

  • Inconforts physiques tels que la sensibilité mammaire, les douleurs articulaires, les maux de tête, le ballonnement, le gain de poids

De 3 % à 5 % des femmes souffriraient de cette condition.  Il est cependant important de ne pas confondre le TDPM avec le trouble de dépression majeure ou autres troubles d’humeur. Bien qu’ayant des similitudes, les symptômes liés au TDPM, sont intrinsèquement liés aux cycles menstruels, l’apparition de ceux-ci débutant après l’ovulation (phase lutéale) et prenant fin avec vos menstruations. Ce qui ne veut bien sûr pas dire que vous ne pouvez pas souffrir, en plus du TDPM, d’un autre trouble psychiatrique.

Avant de poursuivre, je ressens le besoin de préciser que je ne suis pas complètement à l’aise avec le fait que ce diagnostic soit reconnu et classé comme étant un trouble psychiatrique. Je suis bien trop consciente des dangers de la « psychiatrisation » de la santé des femmes. Est-ce que l’on n’est pas, encore une fois, en train d’étiqueter la femme menstruée comme étant « folle » ou ayant besoin de soins psychiatriques ? C’est quoi la prochaine affaire : on va revenir aux lobotomies pour nous « calmer » ? Pour nous rendre plus « dociles » ? Pour aplanir toutes nos émotions ?

Voici ma réflexion très brève  à ce sujet – mais qui fera l’objet d’un prochain article…oh le suspens !

De un, soyons claires, il n’y a rien d’honteux ni de mal à être diagnostiquée d’un trouble de santé mentale.
De deux, quand tu souffres le martyr, que tu penses mourir tous les mois, que ton monde est en train de s’écrouler parce que chaque cycle menstruel te fait perdre une job, une blonde ou un chum, un ami, ta dignité et ton estime de toi, que personne ne te comprend, incluant les médecins, et que tu ne sais pas comment tu vas traverser la prochaine journée, laisse-moi dire que tu t’en fous de savoir si ton diagnostic relève de la psychiatrie, de la neurologie ou de la magie. Du moment où l’on t’écoute, te prend au sérieux et que l’on valide la sévérité des symptômes dont tu souffres depuis des années, sinon des décennies, tu t’en fous. Tu te sens enfin comprise et crue. Tu n’inventes rien. Tu n’es pas seule.
De trois, je suis cependant bien consciente que la médecine a BEAUCOUP de progrès à faire dans ce domaine et que la psychiatrie ne peut ni être la seule explication ni la seule réponse à ce trouble qui nous affecte. Il y a beaucoup de chemin à faire, de la part de toutes les disciplines médicales, pour mieux comprendre le TDPM, et la santé hormonale des femmes en général.

Bref, que le TDPM relève de la psychiatrie ou non, qu’il soit le fait d’une altération de mon cerveau, ou de mon corps qui est tout simplement allergique aux variations hormonales, le fait de recevoir un diagnostic m’a fait sentir moins seule et enfin, comprise.

À partir de ce moment-là, j’ai pu brandir ce diagnostic comme une preuve de mes maux. Comme un signe distinctif qui m’a permis de m’identifier à un groupe. À un groupe de femmes vivant avec le TDPM. Cette reconnaissance et cette possibilité de partager avec d’autres qui vivent les mêmes symptômes m’ont donné le courage de me battre, de me relever et de poursuivre ma quête de guérison.

Bref, comme le dicton le dit « knowledge is power ». Alors si vous vous reconnaissez dans les symptômes décrits, vous avez maintenant la possibilité d’effectuer des recherches supplémentaires sur le sujet et de trouver un ou une professionnelle de la santé compétente qui saura effectuer un diagnostic.

Je ne prétends pas que ce sera facile ou que la confirmation d’un diagnostic fera en sorte que tous vos symptômes disparaitront du jour au lendemain. Mais vous aurez au moins la sensation de gagner un peu de pouvoir sur votre santé et je l’espère, de trouver un peu de réconfort à savoir que vous n’êtes pas seule, ni folle.

Quelques ressources en ligne

Site Web
The International Association For Premenstrual Disorders (IAPMD) / L’Association internationale pour les troubles prémenstruels
Facebook
TDPM France
Canada PMDD Support – with IAPMD IAPMD – International Association for PMDD & PME
PMDD Moms PMDD, Oophorectomy, Hysterectomy, & Life After 

Instagram
 tdpmetmoi

 
Sarah Rodrigue

Pour tout savoir sur le Trouble dysphorique prémenstruel et les hormones.

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