On ne parlera pas que d’hormones

Partout où je regarde, on me dit qu’il faut que je trouve ma niche. Pas celle de mon chien mais celle qui correspond au segment de marché que je dois cibler. En gros, pour développer mes médias sociaux, on me suggère fortement de choisir un sujet spécifique et d’identifier une « clientèle »  très ciblée à qui je veux m’adresser. Et de m’y tenir.  Pour être profitable, pour gagner des abonnées, pour me définir comme experte dans UN domaine.

Depuis, je me creuse la tête Je tente de cerner ma niche. Au point où ça me paralyse. À chaque publication, je me demande si le sujet correspond bien à une niche. Parce que je ressens cette immense pression. Cette pression d’être performante. Si je n’applique pas à la lettre cette « formule magique » marketing, vais-je pouvoir développer mes projets et gagner un jour ma vie ? Sérieusement. Vais-je enfin pouvoir gagner ma vie après toutes ces années de TDPM ?

Je viens pourtant de publier un livre intitulé Maudites Hormones. Ça ne devrait donc pas me demander un effort surhumain pour trouver une niche !

 Hein ? Sérieux ? Ben là, c’est simple. Les HORMONES, c’est ça ta niche ! Fallait pas en faire tout un plat! Et t’en qu’à y être, parle donc seulement du TDPM. Et dans quelques années, tu pourras peut-être aborder d’autres sujets. Pas avant.

Bon, alors si je parle seulement de TDPM et d’hormones pendant quelques années, peut-être pourrais-je aborder, d’ici quelques années, le maquillage sans paraben ou le macramé (j’ai une légère obsession) !

Mais j’ai beau essayer je n’y arrive pas. Je n’arrive pas à rester dans les limites de cet espace restreint. Je déborde sans cesse de cette niche qu’on semble vouloir m’assigner. Ça me ressemble. De déborder.

Ne vous méprenez pas. J’aime parler d’hormones, et de TDPM. Faut qu’on m’arrête tellement je radote sur le sujet. Je suis une militante, une survivante, une alliée, qui luttera sans cesse pour plus de connaissances et de reconnaissance du TDPM, et de la santé hormonale des femmes en général.

Je veux continuer à sensibiliser et à apporter du soutien et du réconfort à celles qui en souffrent.

Mais j’ai aussi beaucoup - trop - donné dans ce domaine. J’ai donné des pans entiers de ma vie au TDPM et à mes hormones. Près de 30 ans de ma vie à lutter contre celles-ci, à y consacrer toute mes recherches, mes réflexions, mes prières. Je me suis sentie si longtemps enfermée dans ce rôle. Dans cette condition qui ne me laissait toujours que très peu de marge de manoeuvre pour être « autre chose ».

Alors, j’ai envie de me laisser aller. De me lancer, de suivre mon instinct et de me foutre de ce que peuvent bien en dire les conseillers en marketing.

Bon, faut pas non plus virer fou, c’est pas comme si je veux devenir influenceuse dans les domaines du maquillage ou de la mode.

Mais j’ai envie de m’adresser à toutes les hypersensibles comme moi, à toutes celle qui se sentent parfois perdre pied, ou paralysées, incomprises ou seules. Aux humaines qui ont envie d’évoluer, de se questionner, de mieux co-exister, de se retrouver. Qui ont envie de prendre part à une communauté vibrante de diversité.

Alors, allant à l’encontre de tous les conseils stratégiques avisés, je ne me définirai pas de niche. Ni de « clientèle » précise. Ni de sujet concis, si ce n’est celui de l’amour pour soi. Peu importe que vous souffriez d’une condition chronique, d’une crise existentielle, d’un trauma, ou que vous cherchiez un peu de « transparence » ou d’auto-dérision dans notre monde tout à l’envers, je serai là.

Sarah Rodrigue

Pour tout savoir sur le Trouble dysphorique prémenstruel et les hormones.

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