Femmes souffrant de conditions chroniques. L’exercice physique peut-il vous faire du tort ?

On nous dit de faire du sport. Qu’il faut être constante. Surtout, si l’on souffre d’une condition chronique. D’en faire de façon régulière. De ne pas lâcher. Que l’activité physique peut devenir un réel remède à nos maux. Mais plusieurs femmes, souffrant de TDPM, d’endométriose, de la condition d’Hashimoto, du SOPK, de la Maladie de Lyme, de Fibromyalgie et du Syndrome de fatigue chronique, ne semblent pas toujours si bien réagir à l’activité physique. Pourquoi donc ?

L’exercice physique, une panacée.

C’est vrai. L'exercice physique comporte des bénéfices inestimables au niveau de notre santé physique mais aussi mentale. On a qu'à pratiquer Il suffit de pratiquer une forme d'activité physique régulièrement pour constater ses bienfaits sur notre qualité de vie : meilleur sommeil, sensation de bien-être, plus grande capacité à gérer le stress, meilleure endurance, etc. C’est incontestable.

Je me suis TOUJOURS fait dire que bouger mon corps pouvait,   sinon me guérir, du moins m'aider à gérer le Trouble dysphorique prémenstruel (TDPM) et l'endométriose dont je souffrais. Le principe était bon et théoriquement irréprochable.

Trop de sport, tue le sport ?

Mon premier souci,  était que mon corps était INCAPABLE de bouger plusieurs journées par mois. Immobilisée par une apesanteur ???, des maux musculaires et articulaires, une fatigue extrême, un cerveau embrouillé, des crampes affreuses et des migraines carabinées. Plusieurs jours par mois, malgré ma volonté, mon corps ne coopérait pas. Et franchement, moi non plus. Je voulais juste qu'on me laisse tranquille.

Mon deuxième souci était que malgré ma volonté à vouloir me mettre en forme, et à sauver ce qui me restait de relative fermeté au niveau de mes cuisses, l’exercice physique avait sur moi des effets parfois assez négatifs.

En fait, l’activité physique semblait aggraver mon état dans deux cas de figure précis : soit lorsque je m’obstinais à vouloir “m’exercer” plusieurs fois par semaine (3-4 séances), soit lorsque je pratiquais une activité physique à l’approche de mes journées fatidiques. Tant de fois, j’ai essayé de me “remettre” en forme de façon plus soutenue, poursuivant mes séances de yoga, cardio ou de marche jusqu’au déclenchement de mes menstruations. Me répétant que c’était justement à ce moment là, à l’APPROCHE de mes journées difficiles, qu’il fallait bouger mon corps.

Inspirée par de nombreux médias sociaux, arborant des femmes, fortes et déterminées, capables de déjouer les pires états dépressifs grâce au sport, je me poussais aux fesses pour que “moi aussi ”je puisse m’en sortir, avec de nouveaux abdos en prime.
— Sarah

Et je ne sais pas comment vous expliquer, mais systématiquement, mon corps réagissait toujours de façon négative. Au lieu d’alléger un peu ma souffrance, mes douleurs semblaient s’empirer. Pendant les journées qui suivaient ma séance d’exercice, mon corps, que j'espérais soulager, me faisait savoir que j'avais abusé. Aux douleurs habituelles, s’ajoutait une sensation d’inflammation terrible. Cette expérience, je l’ai faite à maintes et maintes reprises. Comment était-ce possible que mon corps réagisse aussi mal à l’activité physique, aussi douce soit-elle ?

Avec le temps, j'ai compris que mon corps ne supportait pas "l'activité physique" soutenue, surtout dans la phase prémenstruelle. Le fait de voir que je n’étais pas seule m’a aidée à mieux accepter cette réalité, même (si très frustrante) aussi frustrante soit-elle. En effet, j’ai commencé à lire le récit de femmes qui, souffrant de TDPM, Hashimoto, SOPK, Maladie de Lyme, Fibromyalgie et du Syndrome de fatigue chronique, témoignaient du même phénomène. L'activité physique, selon la période du mois, ou de leur état de fatigue, pouvait donc épuiser leurs corps, déjà "surtaxé" par une lutte intérieure incessante ?!

À qui la faute ?

Je suis convaincue qu'il existe une raison logique et scientifique qui explique pourquoi un corps aux prises avec une condition chronique, peut parfois mal réagir à l’activité physique. Est-ce notre cerveau qui, déjà en proie au surmenage propre à toute condition chronique, ne sait pas comment gérer ce "rush" d'hormones - même si bénéfiques - provoqué par l’exercice ? Est-ce que notre corps, souvent en mode “overdrive”, fait juste “sauter” un fusible, car simplement incapable “d’orchestrer” cette arrivée d’oxygène, de dopamine, de sérotonine, d’hormone de croissance, etc.

- Bon, la vlà qu’elle s’entraîne alors que je peine à réguler son hypophyse, ses glandes surrénales, son cortisol dans le fond du tapis, sa difficulté à “capter” la sérotonine, sa réaction excessive à la progestérone ! De la schnoutt. J’abandonne., On ferme la shop.

Je n’ai pas de réponse à vous offrir, pour l’instant.

Je ne peux que témoigner de mon vécu. Et ce que je constate - et qui confirme selon moi l’hypothèse selon laquelle mon TDPM affectait la capacité de mon corps à gérer l’activité physique - c’est que depuis ma ménopause, chirurgicalement subite, je peux pratiquer des activités avec plus d’intensité - c’est relatifs bien sûr ! - (espace) et de façon plus fréquente sans en ressentir d’effets négatifs. Je dois toutefois rester très attentive pour ne pas “trop pousser”, car je sais combien mon corps est fatigué de ces années de lutte et qu’il a aussi beaucoup  besoin de BEAUCOUP de temps pour récupérer.

Alors, on fait quoi ?

Je le répète, je ne suis ni médecin ni une professionnelle de la santé. Alors je réitère l’importance de discuter avec votre médecin si vous ressentez les mêmes symptômes que moi, avant, pendant et/ou après une activité physique. Plusieurs facteurs peuvent être en cause et seulE unE professionneLE de la santé est en mesure de vous offrir un diagnostique.

Dans mon cas, voici ce que j’ai appris :

  • L’activité physique reste un des outils les plus efficaces pour “booster” notre bien-être, notre estime de soi et notre santé physique;

  • Si vous souffrez de TDPM ou d’endométriose, et que vous expérimentez des symptômes similaires aux miens, je vous invite à ÉCOUTER votre corps. Il peut être intéressant d’évaluer (il faut parfois passer par un processus d’essais-erreurs) si le fait de réduire - possiblement au minimum - votre activité  physique quelques jours avant vos menstruations peut permettre à votre corps de conserver son énergie;

  • Dans le cas où vous souffrez d’une autre condition chronique (Hashimoto, Fybro, Fatigue chronique, etc.), il peut être tout aussi pertinent d’évaluer votre niveau d’énergie et de réduire l’intensité de votre activité physique pour que votre corps puisse vous soutenir à travers les périodes de “crises”;

  • Réduire ou limiter votre activité physique ne signifie pas ne pas du tout bouger. Une séance de streching, ou de yoga réparateur peuvent avoir des effets extrêmement bénéfiques sans toutefois “taxer” votre énergie;

  • Laissez tomber les critères et les consignes élaborés par des personnes qui ne connaissent rien à votre condition;

  • Lorsque vous êtes dans une meilleure période, reprenez un rythme plus soutenu mais de façon douce et graduelle. L’erreur consiste à se “lancer” dans un programme intense pour “rattraper” le temps perdu. Je connais cela par coeur. Pour certaines, cela peut être adapté. Pour d’autres, cette façon de passer de zéro à 100, peut avoir des effets négatifs. ÉCOUTEZ votre corps. Testez différents types d’activités ;

  • C’est frustrant de devoir toujours, mois après mois, mettre notre vie sur pause, le temps de notre période prémenstruelle, ou pendant les menstruations, ou lors de trop grands moments de fatigue. Je le sais. C’est HYPER frustrant. Restez douces envers vous-même. Une fois que vous aurez bien identifié les types d’activités, associés aux “bonnes” périodes, votre corps vous remerciera et vous n’aurez rien à envier aux Youtubeuses exhibant leurs abdos de fer ;-)

Sarah Rodrigue

Pour tout savoir sur le Trouble dysphorique prémenstruel et les hormones.

Suivant
Suivant

Trouble Dysphorique prémenstruel. Un diagnostic de maladie mentale, vraiment ?