Chroniques alimentation: Manger pour guérir

Petit préambule

On va mettre tout de suite cartes sur table. Je ne suis pas nutritionniste ni ne possède de diplômes dans ce domaine. Aucune des informations contenues dans ce texte n’ont été validées par unE expertE. Je suis par contre une femme qui a vécu avec une condition chronique pendant près de 30 ans et qui n’a pas eu le choix de virer sa vie sens dessus dessous pour survivre. Une femme qui a changé son alimentation, ses produits d’entretien, ses petits pots de crème, son mascara et ses priorités. Qui a lu près de 350 ouvrages – je dis ouvrages plutôt que livres car ça fait plus sérieux –  sur la question de l’alimentation « saine » et la consommation de produits non-toxiques. Et non pas – juste – des livres écrits par des hurluberlus, mais par de vraiEs médecins ou autres expertEs sur la question. Je ne chercherai pas ici à vous « vendre » une image lisse et belle de ma transition vers une vie plus « naturelle », « saine » et « organique. » Ce serait vous mentir. Mais je peux témoigner des bienfaits qu’une l’alimentation et qu’une consommation plus « saines » ont eu sur la gestion de ma condition chronique et par la suite, sur ma guérison. Cet article est le premier d’une série qui portera sur ce sujet.

Pourquoi ça ne regarde personne

Je suis assez sensible, et désemparée, face au débat qui entoure la consommation “ verte”, et plus particulièrement celui portant sur l’alimentation « saine ». Parler alimentation, c’est entrer dans une discussion qui risque d’être rapidement prise en  otage par des propos « extrêmes » qui se nourrissent les uns et les autres.  Parler alimentation, c’est comme si l’on donnait le droit à d’autres de se mêler de notre régime alimentaire. Essayez pour voir de discuter à table du fait que vous ne mangez plus de viande, ou que vous mangez Keto ou que vous ne jurez que par les combinaisons alimentaires, la discussion risque rapidement de déraper. L’alimentation, ça déchaîne les passions. Et tout le monde a une opinion.

À travers tout ce brouhaha, j’ai dû apprendre à suivre mon instinct. À trouver ma vérité. Elle est assez simple. La voici : quand tu souffres d’une condition chronique qui t’empêche de vivre ta vie au quotidien et qui te « vole » des semaines, des mois ou des années, tu as le droit de tester, encore et encore, puis d’adopter, l’alimentation qui te convient le mieux. Celle qui te fait du bien. Pour ma part, je décide de mon alimentation à partir de 3 critères  : 1) Est-ce qu’elle me fait du BIEN et me donne de l’ÉNERGIE ?  2) Est-ce qu’elle correspond à mes VALEURS ?  3) Est-ce qu’elle met ma vie en DANGER ? Mon alimentation peut varier selon la période, la saison, mon état de santé, mon niveau d’énergie et mon ressenti. Croyez-moi, quiconque est pris avec une condition chronique,  apprend à reconnaître ce qui lui fait du bien, et du tort. Et elle n’a certainement pas d’énergie à consacrer aux interminables débats portant sur le bienfait, ou non, des bleuets sauvages, de la choucroute ou du jus de céleri. Bref, si je n’ai pas encore été assez claire, je ne peux parler qu’en mon nom et ne souhaite que vous partager ce qui, pour moi, a fait une différence. Vous seule, pouvez évaluer ce qui peut faire une différence, ou non, dans votre vie.

L’alimentation, pour guérir

Je n’aurais jamais dit de moi-même que je mangeais mal. En fait, j’ai eu la chance d’être élevée par des parents gastronomes qui cuisinaient bien. Je mangeais de tout, incluant plusieurs plats en sauce, fromage et dessert à tomber par terre. J’ai aussi de façon générale, toujours limité ma consommation de « fast-food » aux road trips et aux occasionnelles « fin de veillées bien arrosées ». En rétrospective, je pense que mon alimentation ne répondait cependant qu’à deux besoins fondamentaux: me tenir en vie et m’apporter beaucoup de plaisir. 

Lorsque, vers le début de ma trentaine, les symptômes de mon TDPM ont commencé à sérieusement s’aggraver, j’ai progressivement pris conscience de l’impact que la nourriture pouvait avoir sur ma santé et mon état général. En fait, tous les ouvrages que je consultais sur la santé « holistique », ainsi que tous les témoignages provenant de personnes ayant « guéri » de leur condition chronique, semblaient placer l’alimentation au coeur du processus de guérison. J’ai compris que l’alimentation pouvait devenir une grande alliée. Je n’ai jamais pensé que l’alimentation, à elle seule, saurait me guérir du TDPM – d’autant plus qu’aucune littérature n’existait sur ce sujet précis- ou d’une quelconque condition médicale, mais, dans la mesure où je me sentais complètement impuissante, je pouvais, au moins, commencer par prendre mon alimentation en main. 

J’ai donc passé des années à étudier, tester, évaluer, changer, modifier, modifier encore, et encore, mon régime alimentaire. Je peux probablement prétendre que  j’ai essayé toutes les sortes de régimes possibles et inimaginables : cure de jus, alimentation crue, végétarisme, Paléo, Keto, combinaisons alimentaires, jeûne, detox de smoothies et j’en passe. À chaque fois, je me suis immergée avec passion dans chacun des « régimes », acheté tous les ingrédients nécessaires aux nouvelles recettes, tenté de convaincre mon chum, et ma fille, que cette fois-ci était la bonne. J’ai arrêté de manger des fruits, puis m’en suis empiffrée, j’ai consommé le « bon gras » comme si ma vie en dépendait, j’ai consommé de la viande tous les jours pour ensuite l’éliminer. J’ai tout testé, en espérant, à chaque fois, que cette nouvelle façon de manger allait réduire mes symptômes.  

Voici ce un très très bref aperçu de ce que j’ai retenu: 

– Je ne supporte pas le régime Keto, ni Paleo. Je réalise que le « gras » même les « bons gras, » ralentissent ma digestion et tendent bizarrement à me donner encore plus faim.

– J’aime vraiment le bacon mais hélas quand je commence à manger de la viande à chaque jour, ou même de temps en temps,  je me sens vraiment mal. Depuis que je n’en mange plus, je n’ai plus jamais un sentiment de lourdeur après mes repas. Et même si ça me manque de temps en temps, cette façon de manger correspond de toute façon mieux à mes valeurs.

– J’ai découvert que j’adore manger des fruits, même si en ce moment on crie sur tous les toits l’importance de limiter sa consommation de « sucre » incluant le fructose. Et lorsque je me permets d’en manger sans restriction,  en limitant parallèlement ma consommation de gras, je me sens vraiment mieux. Plus légère. Plus stable en terme d’humeur. 

– J’aime manger d’énormes salades tous les jours, jour après jour. Je n’ai aucune originalité mais j’adore savoir que je peux compter, tous les midis, sur la même salade variée pleine de verdure et de fruits. J’ai contaminé mon chum. On est rendus vraiment trop routiniers et prévisibles ! 

– Le oeufs ne me conviennent pas. Mais je ne le savais pas jusqu’à ce que j’arrête d’en manger. Et j’en mangeais plusieurs fois semaine.

– Je n’arrive pas à me passer de mon café latté au lait d’amandes. Il est non seulement délicieux mais il est presque toujours consommé en présence de mes bonnes amies, ou auprès de mon chum. 

– Je suis une très mauvaise cuisinière. 

– Il n’y aucune Vérité. Si je n’avais pas progressivement écouté mon corps, je n’aurais pu trouver la meilleure façon de m’alimenter et aider mon corps à « survivre » lors des crises liées au TDPM qui m’ont assaillies. 

– Aucun « régime alimentaire », à lui seul, n’a pu guérir mon TDPM mais le fait de ne plus consommer de : gluten, produits laitiers, viande, légumineuses et alcool a contribué à me soulager de maux de ventre, à stabiliser mon taux d’énergie et à me lever le matin sans avoir envie de vomir/mourir/m’évanouir. 

– Je ne me restreins pas lorsque je mange avec des amiEs. Je ne gâche pas mon plaisir. J’ai appris que le fait de manger sans culpabilité , en pleine conscience du plaisir qui accompagne un bon repas, est largement supérieur à celui de manger en ayant l’impression de « tricher » ou de se restreindre. Il reste que je tente toujours d’éviter le nombre restreint d’aliments qui ont l’effetde provoquer chez moi une gastrite assurée – un sujet à couvrir dans le cadre d’un autre article !

Vaut mieux accepter le chaos et la confusion dès le début 

Mais tout cela, je l’ai appris au cours de plusieurs années. C’est un long processus, qui peut être parfois pénible et qui ne ressemble en rien aux images qu’on nous vend sur Pinterest.  On nous vend l’idée que de changer intégralement son alimentation est quelque chose de facile, de léger et de tellement agréable. Pour moi, cela a été chaotique et frustrant. On ne peut pas demander à une maman (je m’adresse principalement aux femmes mais j’inclus évidemment tout père ou homme qui a le plaisir de me lire !), à une femme qui a des horaires chargés – bref à qui que ce soit qui a une vie !!! – et encore moins à une personne qui souffre d’une condition chronique, de se lancer corps et âme dans un changement alimentaire. C’est enrageant et parfois décourageant. Certaines personnes ont la chance de trouver rapidement un régime alimentaire qui élimine entièrement leurs symptômes. Pour d’autres, ça peut être plus difficile et plus long. Et il faut donc passer du temps à tester, à lire, à s’informer et à faire preuve de patience. Mais je vous garantis que, si vous souffrez tous les jours ou tous les mois,  cela en vaut la peine. Selon votre propre sensibilité digestive, vos symptômes et votre condition de santé, vous trouverez votre façon bien personnalisée de vous alimenter. De vous écouter. D’écouter votre corps. Et d’apaiser certains symptômes qui pour l’instant prennent trop de place dans votre vie et vous empêchent d’en profiter pleinement. 

Ma seule suggestion pour aujourd’hui : restez à l’écoute de votre corps.  

p.s. Ce n’est que le début et je me ferai un plaisir de partager avec vous mes apprentissages, mes ressources et même mon propre régime alimentaire.  Mais, au cas où vous n’auriez pas compris, ne comptez pas sur moi pour obtenir de super belles recettes élaborées sans dégât. ;-)

Sarah Rodrigue

Pour tout savoir sur le Trouble dysphorique prémenstruel et les hormones.

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