Ménopause. La fin du monde ?
À lui seul, ce mot évoque des images de couches pour incontinence, de bouffées de chaleur et de cheveux gris. Il signifie la fin de quelque chose. Au mieux, la fin de notre vie de femme. Au pire, la fin de notre vie tout court.
Dans notre société, une femme ménopausée atteint une sorte de limite, imaginaire certes, mais bien présente. Une date de péremption. Dans notre inconscient collectif, on associe la ménopause à une étape pendant laquelle la femme, après avoir traversé sa phase de bouffées de chaleur et d’hystérie, doit maintenant apprendre à s’éteindre tranquillement, laissant tomber sur son sillage les derniers relents de sa vitalité, force et intelligence.
- Donc, si je comprends bien, après nos menstruations, notre SPM, TDPM, endométriose, nos grossesses, ou leur absence, nos post-partum, je dois maintenant inévitablement renoncer à mon existence en tant que femme?
Est-ce vraiment ce qui m’attend ? Ménopausée depuis l'âge de 41 ans (par le biais d'une ovariectomie , accompagnée d'une hystérectomie), il me semble un peu tôt pour porter des couches d'incontinence ou pour partir à la retraite.
Cette façon d’appréhender la ménopause ne nous aide en rien à vivre cette étape, pourtant naturelle, avec sérénité. Pire, les fausses croyances et le silence entourant ce sujet, contribuent à nous maintenir dans un état d’appréhension, de crainte et dans un sentiment de solitude.
Comme pour tous les sujets relatifs à nos hormones, il semble en effet exister une forme “d’omerta” autour de la ménopause. Comme si, en évitant parler, on avait plus de chance d’être épargnée. Et donc - vous me voyez venir - il me semble important de discuter de ce sujet qui touche toutes les femmes, un jour au l’autre.
La périménopause. le début de la fin.
Dans ce cas ci, je suis sérieuse; la périménopause peut effectivement prendre des airs de fin du monde. Contrairement à la croyance populaire selon laquelle l’arrêt de vos menstruations est une “affaire de vieille” qui arrive soudainement sans crier gare, elle est généralement précédée de plusieurs - plusieurs ! - années de ce que l’on nomme la périménopause.
En effet, vos ovaires n’arrêteront pas de fonctionner du jour au lendemain. Leur '“production” variera d’un mois à l’autre, causant notamment des menstruations irrégulières, l’un des premiers symptômes de la périménopause. Vos règles pourraient devenir plus fréquentes pour ensuite s’espacer. de plus en plus. Certaines de vous verrez vos menstruations devenir très abondantes, et/ou plus légères. Elles pourraient s’échelonner sur plusieurs jours pour ensuite ne durer qu’une seule journée. Elles pourraient même complètement disparaître, pendant plusieurs mois, avant de revenir ensuite en force. Bref, vos menstruations risquent de devenir plus - pour ne pas dire très - imprévisibles. Pour les chanceuses parmi vous, il s’agira peut-être de la seule manifestation de la “retraite” progressive de vos ovaires.
Pour d’autres, il est possible que votre périménopause se vive de façon un peu plus compliquée. Pour celles qui n’ont jamais vécu de SPM - chanceuses ! - cela pourrait être assez choquant de vivre des symptômes associés à votre cycle menstruel. Ceux-ci peuvent varier en intensité et peuvent provoquer : bouffées de chaleur, irritabilité, perte de cheveux, gain de poids, fatigue extrême, difficulté de concentration, pertes de mémoire, troubles de sommeil, atrophie vaginale, nervosité, maux de tête, migraine, etc.
De rien ;-)
Mon intention n’est évidemment pas de vous faire peur mais de vous informer, et de vous faire sentir, je l’espère, moins seule. De nombreuses femmes vivent plusieurs années avec ces symptômes, blâmant possiblement leurs circonstances/travail/adolescents/stress/conjointE/personnalité/entourage, ne soupçonnant jamais qu’il puisse s’agir de la “faute” de leurs hormones. J’en connais plusieurs qui, encore au tout début de la quarantaine, ne pensaient jamais vivre cela aussi rapidement, et intensément. Mais contrairement à ce que l’on pense, il est très possible que vous commenciez à ressentir des symptômes de périménopause dès le début de votre quarantaine.
Bref, ces variations hormonales peuvent provoquer des changements insoupçonnés chez vous. Elles peuvent s’immiscer dans votre vie et la bouleverser. La difficulté, c’est qu’elles s’ajoutent généralement à une vie, déjà bien remplie et pleine de responsabilités - la charge mentale, vous connaissez ? Il ne faut donc JAMAIS sous-estimer le stress, et la détresse, que cela peut engendrer chez vous. Des femmes peuvent se sentir chavirer, perdre pied, ne plus se reconnaître et avoir de la difficulté à survivre au quotidien. Ce n’est pas anodin.
Le fait de savoir qu’il s’agit possiblement de symptômes liés à la périménopause peut, au moins, vous aider à mieux comprendre ce qui se passe et à prendre des décisions plus éclairées. Comme je le dis si souvent lorsque j’aborde la question du Trouble dysphorique prémenstruel (et autres conditions hormonales), le fait de savoir que les symptômes que vous ressentez sont liés à vos hormones vous évite possiblement de remettre ENTIÈREMENT votre vie/couple/personnalité/carrière/enfants/etc. en question. Il est donc important d’être en mesure de reconnaître ces symptômes, d’exprimer ce qu’ils vous font vivre et de prendre des moyens pour mieux gérer cette transition.
La Ménopause.
On peut penser, et espérer, que la ménopause met un terme aux symptômes que vous viviez depuis quelques années. Ce qui est certain c’est que la ménopause nous libère effectivement de nos menstruations. Pour celles qui souffraient de celles-ci (crampes menstruelles, endométriose, Trouble dysphorique prémenstruel, syndrome prémenstruel difficile, etc.), la ménopause peut être certainement vécue comme une réelle libération. Mais il est aussi possible que les symptômes - dont vous espériez vous départir en même temps que vos règles - se poursuivent ou pire, s’aggravent.
On ne nous prépare d’ailleurs pas assez à cette transition hormonale marquée par une diminution “extrême” de notre taux d’oestrogène. Notre corps subit des changements importants à tous les niveaux. Parmi ceux-ci, ont peut :
Avoir chaud, très chaud. Les bouffées de chaleur sont observées chez 75 à 85 % des femmes. Elles commencent généralement avant l’arrêt des règles et durent près de 8 ans en moyenne. Généralement, les bouffées de chaleur s’atténuent et se raréfient au fur et à mesure du temps.
Expérimenter une nouvelle réalité sexuelle. La diminution d’oestrogène a un impact très concret sur notre paroi vaginale, qui s’assèche et perd en élasticité, et sur nos organes génitaux (petites lèvres, clitoris, ovaires et utérus) qui diminueraient en taille. Certaines femmes expérimenteraient de la douleur pendant leurs rapports sexuels, verraient leur libido baisser et prendrait un peu plus de temps pour atteindre l’orgasme.
Avoir envie de pipi, tout le temps. La muqueuse de l’urètre, elle aussi, s’amincie, ce qui augmenterait les risques d’infections urinaires et/ou augmenterait le besoin d’uriner plus fréquemment.
Avoir une ride ou deux supplémentaires. La diminution du taux d’ œstrogène, ainsi que le vieillissement, entraînent une diminution des quantités de collagène (protéine qui renforce la peau) et d’élastine (qui lui confère son élasticité). La peau peut ainsi devenir plus fine, plus sèche et moins élastique.
Avoir des os un peu plus fragiles. La diminution du taux d’ œstrogène est souvent associée à une diminution de la densité osseuse. L’os s’affaiblit, devient plus fragile, et le risque de fracture augmente.
Se sentir plus déprimée. La littérature à ce sujet souligne la forte prévalence des symptômes dépressifs chez les femmes ménopausées. (…) “en particulier celles qui ont des antécédents de dépression ou d'anxiété, des problèmes de santé chroniques et des facteurs psychosociaux tels que des événements de vie stressants majeurs ». Une récent étude démontre que la dépression chez les femmes ménopausées est effectivement un problème de santé courant.
Sources : Le Manuel Merck
Une nouvelle étude confirme la prévalence de dépression à l’arrivée de la ménopause
Encore une fois, l’idée n’est pas ici de vous faire peur - ou de vous faire angoisser à l’idée de vieillir - mais de vous donner un aperçu réaliste des changements “normaux” que subit notre corps au moment de la ménopause. Il faut donc s’attendre à ce que notre système réagisse à cette transition hormonale qui a un impact tant au niveau physique que psychique.
Mais ce que l’on ne nous dit pas, c’est que, bien que provoquant des changements, la ménopause n’est pas supposée nous faire souffrir au quotidien.
Bref, oui la ménopause apporte son lot d’adaptation mais non, il n’est pas “normal” que celle-ci vous plonge dans des états dépressifs, vous empêche de dormir, vous épuise, vous rende incommensurablement triste et surtout, vous fasse sentir comme “folle”. Il est donc essentiel vous tentiez de trouver des moyens - traitements naturels, hormonothérapie, gestion du stress, alimentation, hypnose, exercice, etc. - qui soient adaptés à votre nouvelle réalité hormonale. Peut-être avez-vous besoin d’un nouveau supplément ? Peut-être faut-il alterner vos d’entraînements cardio intenses avec des séances de yoga ? Peut-être avez-vous besoin de modifier votre routine ? Peut-être avez-vous besoin d’oestrogène ? Bref, il existe une panoplie d’options qui pourront vous aider à mieux vivre la ménopause. Un article portant sur les différents “traitements”, et sur mon expérience de ménopause chirurgicale, sera bientôt publié.
Je ne peux suffisamment insister sur ce point : si vous vous sentez en train de “couler” en raison de vos symptômes de périménopause/ménopause, ne vous laissez pas dire que “c’est normal”. Et que cela “vient avec l’âge.” Ou que vous êtes juste trop stressée/inquiète/préoccupée. Certes, vous pouvez être tout cela à la fois, mais la transition hormonale que vous traversez est certainement un facteur à prendre en considération, et à ne pas négliger.
Précision importante: bien qu’affectée par la périménopause ou la ménopause, il est aussi possible que vous soyez en train de traverser une période émotionnellement difficile ou que vous souffriez d’un trouble de santé mentale. Que votre état actuel soit le fait de vos hormones ou d’une autre situation, ou condition, il est impératif que vous preniez cela au sérieux et consultiez un professionnel de la santé.
et si c’était un renouveau.
Maintenant, il est temps de se réjouir. Parce que bien que la ménopause puisse s’accompagner d’effets secondaires désagréables - voire parfois insupportables - je peux cependant vous dire à quel point il s’agit aussi du début d’une merveilleuse étape.
Oubliez l’image des couches d’incontinence, des bouffées de chaleur et des maisons de retraite. Car on peut être ménopausée et vivre une vie plus épanouie que jamais. J’en suis la preuve !!! ;-) Évidemment, dans mon cas, la ménopause fut pour moi la délivrance complète du Trouble dysphorique prémenstruel et de l’endométriose. La ménopause m’a littéralement sauvée la vie.
Mais pas besoin d’avoir souffert d’une condition hormonale extrême pour savoir reconnaître les bienfaits de la ménopause. En effet, pour la majorité des femmes, être ménopausée c’est aussi être débarrassée à jamais des tampons, des serviettes sanitaires et des culottes hideuses. C’est ne plus jamais avoir peur de tâcher la chaise et/ou de devoir annuler le repas entre amis en raison de crampes menstruelles. C’est de ne pas prendre 5 livres du jour au lendemain parce que vous venez d’ovuler. C’est ne plus être soumise à un cycle incessant mensuel qui nous brise toujours un peu.
Et je ne sais pas si c’est parce que la ménopause arrive à un certain âge (et donc avec un peu plus de sagesse) mais dans mon cas, la ménopause a été accompagnée d’une plus grande confiance en moi. D’un besoin irrépressible d’être moi-même, sans excuse. Comme si la fin de mes menstruations avait libéré la femme que je suis. Et même si je scrute mes rides avec un peu plus de perplexité et que je réalise que, malgré toutes les crèmes du monde, je ne réussirai jamais à récupérer l’élasticité de la peau de mes cuisses - je me sens plus belle que jamais. Le bonheur de se sentir belle sans avoir besoin de séduire ou d’être à tout prix” aimée…j'aurais donné cher pour me sentir ainsi dans ma vingtaine.
Bref, oui, je pleure parfois la vie qui est passée trop vite. Et mes seins qui se tenaient debout. Mais je n’échangerai jamais ma ménopause contre les menstruations de quiconque. Car avec elle, vient tout ce que j’ai acquis au courant des dernières années, avec en plus, la liberté de ne plus jamais me soucier de la “période” du mois. Il y a de quoi célébrer, je vous le promets.
p.s. Véronique Cloutier a récemment annoncé sa ménopause sur les ondes de son émission de radio. Sans embarras. Sans crainte d’être jugée. Je pense que l’on devrait être de plus en plus nombreuses à le faire. À se réapproprier notre ménopause, non comme un signe de vieillesse ou de faiblesse, mais comme le signal que l’on est maintenant prêtes à être pleinement, entièrement nous-même ! Il est temps de briser le tabou. Ménopausées, je vous mets au défi !;-)
À Lire :
La périménopause. le début de la fin.
Préménopause : guide de survie pour rester zen
Hormones au féminin
La sagesse de la ménopause (la “gourou” sur les questions de ménopause)
Photo de Artem Podrez provenant de Pexels